Lettre Zola n°03 : Sarah est psychologue pour policiers. Tous les jours, au sein du SSPO, elle recueille les paroles tour à tour colériques, indignées, douloureuses, enfantines ou haineuses de ceux qui sont en première ligne des horreurs du monde. C’est une histoire faite de coups de feu, de fleurs, de crimes et de cris...
On a entendu des cris. Des hurlements, on disait, et soudain, mais non, pas du tout, juste une porte qui claque. On a entendu des cris, je te dis, et pas seulement, aussi des coups, un coup de poing sur la table, et peut-être au visage. N’importe quoi. Un coup de poing au visage ? N’im- porte quoi. T’y étais, toi, dans ce bureau ? Non, mais j’étais pas loin, et j’ai entendu un coup de poing. Les murmures disaient ça, dans les couloirs du service, tout un concert de pépiements pendant des jours et des jours. Au bout d’un moment, l’agent d’accueil, pourtant absent ce mardi-là, a même parlé de verre brisé, de vêtements déchirés. La seule chose dont on était certains, c’était d’avoir vu Sarah quitter son bureau en larmes et en courant.
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