Lettre Zola n°1 : Il y a quelque chose d’universel dans cette histoire : la communication entre les parents et les enfants, souvent digitale dans notre société contemporaine. Vous, parents, qui n’avez pas toujours les codes de l’écriture des textos. Vous, enfants, qui n’avez pas toujours assez de temps à leur consacrer...
Contre ma paume, mon portable entre en ébullition. La machine vibre, comme un animal qui frémit en rêvant, et je dois parfois la cacher sous ma jambe pour en étouffer l’agitation. Il arrive que Jeanine m’adresse dix ou quinze messages d’affilée. Je devine alors ce qui se passe. Elle ne veut pas garder pour elle l’euphorie d’avoir, sur les coups de 15 heures, osé parler à un inconnu. Ou bien elle brûle de décrire en détail un visage qui lui faisait face dans le tram. À moins qu’elle ne souhaite me parler d’une émission entendue à la radio ou d’un fait divers glaçant, glané dans les journaux. Jeanine a besoin, chaque jour, de raconter à quelqu’un ce qu’elle vit et voit.
Et souvent, ce quelqu’un, c’est moi.
Il y a quelque temps, elle m’a envoyé par texto la photo floue d’un papier, aperçu à la sortie de son cours de gym. Une publicité pour un « nouveau restaurant » qui végétait à côté des offres de ménage ou d’initiation à la poterie, et de la gueule de Robert, dogue noir perdu sur l’île de Nantes. Le message était prometteur : «Venez goûter à un pays par jour ! »
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